L'incident kfc

Il y a trois jours, j'ai déjeuné chez KFC. Anne et moi étions en vadrouille avec deux de nos enfants, et l'heure du repas sonnait. Je n'avais jamais eu l'occasion de fréquenter cette chaine de fast-food. Malgré l'intuition que ce n'était pas bon pour moi, ce jour-là, pour faire plaisir, j'ai dis oui.

Je dois tout d'abord avouer que je me suis régalé, la tendreté de la viande et la manière dont elle est préparée ont excité mes papilles. Mais en revanche, dès la première bouchée, des images m'assaillent : je vois des élevages de volaille atroces, des oiseaux malades d'immobilité, stressé de promiscuité et bouffis de gras. Et chaque fois que je mords dans la viande, une nouvelle vision m'apparait. Malgré cela, je continue : l'appel du gras, du sel et de la viande, le "plaisir transgressif de la bouffe", est le plus fort.

Un seau de tenders et de wings plus tard, nous rentrons. Et sans que je ne vois la chose arriver, j'ai soudain une irrépressible envie de dormir, je me sens littéralement vidé. Alors que je crois partir pour une courte sieste, je dors pratiquement deux heures et m'en réveille encore plus brûlé. Une migraine monte rapidement, elle va durer deux jours. Je ne comprends pas l'origine de ce mal-être soudain. Bien que l'enchainement avec le repas chez KFC soit évident dans la temporalité des évènements, le lien de cause à effet ne me saute pas aux yeux : comment un simple déjeuner peut-il me mettre KO à ce point ?

Plus tard, lorsque je récupère un peu, mon esprit ancêtre chamanique Hi Hana Ktuk se manifeste avec beaucoup d'insistance, il souhaite que je l'incorpore. J'effectue le rituel, puis lorsque l'esprit est là et bien intégré, Anne lui demande alors l'origine de mon état.

L'ancêtre confirme bien le lien de cause à effet. Il l'explique ainsi : dans notre monde moderne, la majorité de la viande que nous ingérons provient d'animaux qui ont eu une vie et une fin difficiles : sans respect ni dignité, souvent dans la souffrance, la peur, le stress. Ces énergies sombres, dues aux mauvaises conditions de vie et d'abattage que nous imposons aux animaux, se retrouvent dans la viande que nous consommons.

Il n'est cependant pas question pour moi de devenir aujourd'hui végan ou même végétarien, cependant, car pour l'ancêtre, manger de la viande est primordial, c'est inhérent à notre nature humaine et indissociable de notre régime alimentaire naturel, celui qui a permis à notre espèce d'émerger et de se développer tels que nous sommes aujourd'hui. Cependant, il recommande que l'on privilégie de la viande de qualité, issue d'animaux qui ont été élevés et tués avec dignité et respect. Ces messages sont d'ailleurs très alignés avec ceux qui motivent de plus en plus de consommateurs flexitariens, qui veulent de la viande, certes en moindre quantité, mais de la bonne, et qui respecte le bien être de nos animaux.

Là où Hi Hana Ktuk va plus loin, c'est dans la notion de temporalité, et le fait de consommer de la viande en fonction de notre état énergétique : pour lui, il convient d'éviter de consommer de la viande, a fortiori d'origine industrielle, dans les périodes où l'on est énergétiquement bas, instable ou chahuté. Selon lui, notre énergie et notre corps seraient tout à fait capables d'absorber et transmuter les énergies négatives contenues dans la viande lorsque nous sommes en pleine forme, pour ne garder de cette nourriture que ce qui est bon pour nous, sur le plan nutritionnel et énergétique. En revanche c'est une toute autre affaire lorsque notre énergie est basse, abimée : les mauvaises énergies de la viande prennent alors le dessus, et nous plombent même encore davantage que nous ne le sommes déjà.

Je tenais donc là l'explication quant à mon état du moment ; pour diverses raisons, j'étais effectivement déjà assez fatigué... ce KFC m'aura donc mis un coup de grâce !

Selon les réflexions qu'exprime Hi Hana Ktuk, il semblerait que la viande la moins "mauvaise" énergétiquement soit le bœuf. Il ne veut pas consommer de cochon, et KFC vient de m'enseigner ce qu'il en était de la volaille industrielle. Est-ce lié aux conditions de traitement et d'élevage ? Les bovins ont-ils de meilleures conditions de vie que les poulets ? Honnêtement, je n'en sais rien du tout, mais le peu que j'ai lu sur la viande de KFC depuis cet épisode fait froid dans le dos.

Le sujet de l'alimentation est d'ailleurs un thème récurrent dans le discours de l'ancêtre. Lui qui a vécu à l'époque des bisons et des mammouths, a un jour expliqué ceci :

"Quand mon peuple tue un mammouth, on ne mange pas toute sa viande d'un seul coup ! On la fait sécher au feu et on la garde longtemps, on mange de petites quantités chaque jour. Si tu manges tout d'un seul coup, c'est comme si tu gâchais l'énergie de l'animal, comme s'il était mort pour rien !"

De ma compréhension, l'idée qu'il cherche à véhiculer derrière ce discours n'est pas tant par rapport à la gestion d'un stock de vivres à une époque préhistorique où ils pouvaient se faire rare, car Hi Hana Ktuk me montre plutôt qu'elle est abondante pour lui et les siens.

Mais il s'agirait plutôt de faire en sorte que la quantité de nourriture que l'on ingère soit en adéquation avec nos besoins énergétiques, ni plus ni moins. Si l'on mange de trop, quelque part on gâche une portion de nourriture (donc d'énergie !) qui pourrait sustenter quelqu'un d'autre, ou nous servir à nous-même le lendemain. Bref, il nous enseigne la justesse et l'équilibre !

Donc en synthèse, les messages de l'ancêtre concernant l'alimentation :

• moins de viande, mais bien choisie, venant de filières éthiques pour les animaux (et pour les éleveurs ! et ça, c'est ma touche perso !)

• la viande rouge semble de meilleure qualité sur le plan énergétique que la volaille ou le porc (peut être lié aux conditions d'élevages de ces derniers, sont-elles plus dures ? honnêtement je n'en sais rien !) Petit bémol que j'ajoute, moi : info à mettre en balance avec la notion de qualité nutritionnelle et de bilan carbone (la viande rouge est, dans ce cas, la pire : plus émettrice de gaz à effet de serre, et mauvaise pour le cholestérol et certains cancers du système digestif, si mangée en excès)

• éviter la viande pendant les périodes d'instabilité énergétique ou émotionnelle, privilégier la nourriture vivante (fruits et légumes)

• si la notion de plaisir reste importante, il est important de rester connecté à l'énergie de ce qu'on mange : est-ce que cette énergie est bonne pour moi ? Et si oui, de combien ai-je vraiment besoin ?

Hi Hana Ktuk serait-il le concepteur d'un nouveau régime ?

J'appelle Los Angeles, on va faire un carton aux states.