L’enseignement du Renne
- juliengautherot
- 9 août
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 oct.
Aujourd'hui, je vais vous parler du renne ! Car avant-hier, pendant une incorporation, le vieil ancêtre chamanique Hi Hana Ktuk nous donnait des conseils, pour les mois et années à venir.
Et pour cela, il a utilisé la métaphore du renne, animal qui lui est si cher et dont il porte fièrement des cornes en guise de coiffe chamanique.
Donc, le renne. Je vais essayer de vous retranscrire, en bon français moderne, les propos de Hi Hana Ktuk :
La neige qui tombe en abondance pendant la saison froide du Grand Nord, devient une difficulté majeure, parfois même une menace existentielle, vitale, pour les animaux. Elle forme un (très) épais tapis qui recouvre toute la végétation, rendant très difficile l'accès à la nourriture pour les herbivores. Ce tapis neigeux rajoute en outre une grande difficulté dans les déplacements : la plupart des animaux s'enfoncent dans la neige, et doivent redoubler d'efforts, donc consommer davantage d'énergie, pour se mouvoir. Avancer pour manger, ou courir pour échapper aux prédateurs, devient donc beaucoup, beaucoup plus difficile.
Mais pas pour le renne.
Hi Hana Ktuk nous a expliqué que le renne, lui, "agrandit ses pieds quand la neige tombe" pour pouvoir marcher dessus, et ainsi il s'y enfonce beaucoup moins que les autres. Selon ses termes, il a le "pied plus léger" ! Ce faisant, il diminue considérablement l'effort de marche, et ce qui constitue un frein important pour les autres animaux ne devient qu'une simple et rapide adaptation morphologique pour lui. Peanuts !
Quant à l'accès à la nourriture, toujours selon l'ancêtre, le renne aurait un odorat très, mais très développé ! Ainsi, il n'a pas besoin de fouiner partout ni de retourner de grandes surfaces de neige pour trouver sa pitance dessous, puisqu'il sait la localiser précisément au flair, et n'a plus qu'à gratter la neige pile poile là où cela s'avère nécessaire pour manger.
Qu'avons-nous à comprendre et retenir de cette métaphore ?
Premier point : j'ai pu vérifier a posteriori ces informations, et j'atteste qu'elles sont rigoureusement exactes ! Le renne a bien cette faculté très spéciale d'adapter la morphologie de ses quatre sabots selon la saison, été ou hiver. Comme nous avec nos pneus de voiture, mais lui en version sabots. Et durant la saison froide, ses pieds s'élargissent bien pour augmenter la portance, tandis que l'angle d'attaque de l'ongle s'affute pour augmenter l'adhérence. Ce qui évite au renne d'une part de s'enfoncer (un premier bon point pour Hi Hana Ktuk !) mais aussi de glisser sur le verglas. Quant à l'odorat, c'est à nouveau une validation des dires de l'ancêtre (deuxième bon point pour lui !) Car le renne se nourrit presque exclusivement de lichen l'hiver, et il ne creuse pas la neige à l'aveuglette pour en trouver, mais bien avec une précision chirurgicales : là où il a senti qu'il y en avait !
Je vous garantis que moi, Julien, j'ignorais tout cela... Bref : notre cher chamane nous épate toujours autant par la qualité et la justesse de ses connaissances en zoologie !
Deuxième point, le rapport à la marche sur la neige. De par sa culture, celle d'un nord-américain du néolithique, il est peu probable que Hi Hana Ktuk connaisse la métaphore du "surfeur qui surfe les vagues de la vie", qui nous est plus familière à nous, occidentaux, qui avons vu "Point Break" ou "Alerte à Malibu". Il a donc utilisé ce qu'il avait sous la main, à savoir le renne et son fameux pied qui s'élargit, pour nous enseigner l'agilité et la capacité d'adaptation face à la difficulté. Notre époque moderne étant particulièrement troublée sur les plans économique, géopolitique, sécuritaire, écologique, idéologique, identitaire, social, sociétal... - Mais en fait y a-t-il un plan sur lequel ça va bien en ce moment ??? (...) Ah, on me dit dans l'oreillette que "oui" : l'espérance de vie, la mortalité infantile et l'extrême pauvreté n'ont jamais été dans des niveaux aussi favorables ! Merci le progrès, sous vos applaudissements- Bref donc dans cette époque dans laquelle nos dirigeants "n'ont pas la vision", et la situation pouvant encore davantage se corser dans les années à venir, cultiver son agilité face aux tempêtes devient clé. "Savoir marcher d'un pas léger sur la neige" pour avancer quand même, sans y dépenser trop d'énergie !
Troisièmement, le rapport à la nourriture. Hé bien là aussi, il est question d'agilité et de savoir utiliser ses sens pour minimiser l'énergie dépensée. Mais l'enjeu évoqué est un peu différent, car dans cette métaphore, l'alimentation symbolise de manière assez évidente la notion d'abondance, et en particulier financière (puisqu'il n'y a que ça qui compte dans ce bas monde, aujourd'hui). Et si, comme le prévoit l'ancêtre, l'hiver des humains s'apprête à durer un petit moment, avec sa cohorte de blizzards enneigés, savoir "sentir" les bonnes opportunités (les rochers pleins de bon lichen) pour ne dépenser de l'énergie que là où elle est nécessaire (gratter la neige là où y en a, du lichen) et en percevoir la juste rétribution (un peu de nourriture qui te maintient en vie) va devenir un élément important !
Curieusement, c'est en plein mois d'août que l'ancêtre nos partage cette métaphore du "renne des neiges" (libéréééée...) Cela étant, il sait surement que nous autres, humains de chair, d'os et de gros cerveaux, avons besoin de (beaucoup de) temps pour accepter et assimiler les informations, et nous préparer.
Donc, en bref, ce qu'il est bon de retenir :
quand il neige, élargissons nos pieds,
utilisons nos sens subtils pour flairer les bonnes opportunités et ne dépenser de l'énergie que là où cela vaudra vraiment le coup.
Quant à moi, j'espère que ce petit post vous a plu, et je vous souhaite une belle fin d'été !
Merci de m'avoir lu, et merci à Hi Hana Ktuk pour sa précieuse sagesse ! C'est une vraie chance de t'avoir comme guide chamanique !





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